Naviguer dans le syndrome de l'imposteur en tant que femme à Silicon Mountain.

Naviguer dans le syndrome de l'imposteur en tant que femme à Silicon Mountain.

Dans le monde entier, les domaines des sciences, de la technologie, de l’ingénierie et des mathématiques (STIM) ont toujours été considérés comme étant réservés aux hommes et la communauté de la Silicon Mountain (SM) n’est pas en reste. Après avoir obtenu mon GCE Advanced Level, je me suis rendue à l’Université de Buea (UB) pour étudier l’ingénierie. Je savais que mes camarades de classe seraient en majorité des hommes. J’avais l’habitude, puisque c’était déjà le cas au lycée.

Je m’appelle Massabe Lydiane, développeuse full stack et contributrice de projet open source. Je suis actuellement en service à Afrovision Group (www.afrovisiongroup.com), une entreprise de sous-traitance informatique de premier plan, dont le siège est au cœur de la communauté de la Silicon Mountain, Buea. Cet article retrace mon parcours en tant que développeuse de logiciels évoluant dans un secteur dominé par les hommes.

En me rendant à l’UB, mon intention était d’étudier le génie électronique/électrique, mais j’ai fini par me laisser séduire par l’univers de l’informatique et de la programmation. À l’époque, je vivais avec ma sœur aînée, qui étudiait l’ingénierie informatique dans la même université. C’est en l’accompagnant à des événements technologiques organisés par la communauté, et en écoutant toutes ces histoires incroyables que de jeunes Camerounais comme moi racontaient concernant ce qu’ils construisaient ou faisaient que je me suis découvert cette passion pour les technologies. Parallèlement à ma licence, j’ai commencé à apprendre les bases des langages HTML et CSS, ainsi que de tout ce qu’il est possible de faire ou de voir sur un navigateur. Cet apprentissage s’ajoutait aux formations brèves à la programmation en C et C++ que nous devions suivre comme cours optionnels à l’université.

J’ai été retenue pour un stage à mon lieu de travail actuel après avoir soutenu mon mémoire de licence. Il me tardait de me fondre entièrement dans l’univers de la programmation de logiciels et de devenir une développeuse digne de ce nom. Deux ans plus tard, l’expérience était tout simplement formidable. J’ai énormément appris et j’ai mis des projets incroyables sur pied. C’est au gré de toutes ces expériences que je peux me considérer aujourd’hui comme une développeuse full stack… Hahaha. Je sais que j’ai encore du chemin à faire et des choses à apprendre ; j’apprécie tout simplement le processus.

Être une femme dans un secteur dominé par les hommes peut parfois être intimidant. Comme la plupart des femmes, il m’arrive souvent de ressentir de l’anxiété. Toutefois, en tant que jeune femme dans le secteur, je salue les efforts et le travail fournis par les générations précédentes pour combler le fossé entre les genres dans le domaine de la technologie. Il existe des communautés telles que Women Techmakers (WTM) de Buea, qui sont en majorité composées de femmes. Elles invitent et conseillent d’autres femmes à faire carrière dans le domaine de la technologie. C’est d’ailleurs cette communauté qui m’a apporté toute cette confiance et cette motivation. J’ai vu ce qu’une autre femme comme moi était capable d’accomplir.

Les efforts consentis par les féministes, les ONG et les communautés telles que WTM ne sont pas vains, car la courbe des femmes qui rejoignent les domaines des STIM est sans cesse croissante. Je suis persuadée que n’importe quelle startup de Buea compte au moins une femme développeuse, designer, cheffe de produit, etc. Nous espérons encore plus… Notre souhait est qu’un jour, on ait une grande entreprise technologique fondée et dirigée par une femme ici à Buea, à l’instar de Canva, qui compte Melanie Perkins parmi ses cofondateurs. Rome ne s’est pas faite en un jour et nous en sommes bien conscients.

Nous n’oublions pas les hommes de notre communauté qui nous soutiennent et qui fournissent un travail acharné. Ils nous tiennent la main et ensemble, nous travaillons à la réalisation de merveilleuses choses. J’ai bénéficié de ce soutien en assistant à des conférences organisées par des communautés telles que le Groupe des Développeurs Google (GDG) Buea et Développeurs de Facebook (DevC) Buea. Il s’agit de groupes dans lesquels le genre importe peu et où chacun est libre de s’exprimer. La communauté de la Silicon Mountain prend de l’ampleur grâce à nos efforts mutuels et à ceux de toutes ces organisations.

 

En définitive, une femme qui souhaite faire carrière en tant que développeuse de logiciels doit posséder les qualités suivantes : l’audacieuse, la confiante et, surtout, la patience. Ma communauté, pas si restreinte que cela, de la Silicon Mountain m’a fait me sentir chez moi et j’en suis heureuse.

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